Il a refait toute son électricité sans électricien : voici comment il a fait

Son défi : refaire toute l’installation électrique, seul
Dans sa maison des années 70, Julien a découvert ce que beaucoup redoutent : des câbles craquelés, des dominos vieillots derrière les prises et un tableau obsolète sans protection différentielle. Plutôt que de tout sous-traiter, il a décidé de mener lui-même la rénovation de son électricité. Objectif : une installation propre, sûre, conforme, et un budget maîtrisé. Voici son tutoriel d’expérience, centré sur la sécurité et la méthode, pour comprendre comment il s’y est pris.
Préparer avant de toucher un câble : audit, normes et sécurité
L’audit pièce par pièce
Julien a commencé par un repérage méticuleux :
- Cartographier chaque point lumineux, interrupteur, prise, et appareil dédié (four, plaques, lave-linge, VMC).
- Identifier les chemins possibles pour faire passer les gaines (plinthes, faux-plafonds, cloisons creuses, combles).
- Lister les circuits à créer pour éviter les surcharges et améliorer le confort d’usage.
Il a ensuite dessiné un schéma simplifié : un plan de la maison avec les circuits numérotés. Ce document lui a servi de feuille de route pour le chantier et d’étiquette pour le futur tableau.
Norme, conformité et assurance
En France, la référence est la norme NF C 15-100. Sans entrer dans la technicité, elle impose notamment des protections différentielles 30 mA, des sections de conducteurs adaptées, des circuits dédiés pour certains appareils, et des hauteurs/implantations des prises et interrupteurs. En cas de rénovation totale ou de création/rétablissement de raccordement, un certificat Consuel peut être requis avant la mise sous tension. Vérifiez votre cas auprès de votre distributeur et de votre assureur : une installation non conforme peut poser problème en cas de sinistre.
Sécurité d’abord
- Toujours couper l’alimentation générale avant toute intervention et vérifier l’absence de tension avec un appareil adapté.
- Travailler avec des outils isolés, porter lunettes, gants, masque antipoussière pour les saignées, et garder un extincteur à portée.
- Étiqueter, photographier, documenter. Une bonne traçabilité limite les erreurs.
- Ne pas intervenir sur le branchement au réseau ou sur des conducteurs sous tension. En cas de doute, faire contrôler par un professionnel.
Son plan d’action, étape par étape
Outillage et fournitures
- Gaines ICTA et boîtes d’encastrement, appareillages (prises, interrupteurs), colliers et goulottes si nécessaire.
- Câbles adaptés aux usages et à la norme, bornes de connexion à ressort, repères et étiquettes.
- Tableau modulaire, interrupteurs différentiels 30 mA, disjoncteurs divisionnaires, peignes, rail DIN.
- Scie-cloche, rainureuse ou marteau-burin, niveau laser, aspirateur de chantier.
- Multimètre, détecteur de tension, vérificateur de continuité.
Traçage, saignées et boîtes
Julien a commencé par les pièces « faciles » (combles et cloisons creuses) pour passer les gaines sans gros travaux. Dans les murs pleins, il a tracé des cheminements verticaux/horizontaux, réalisé des saignées propres, et encastré les boîtes à la bonne profondeur. Les percements ont été aspirés au fur et à mesure pour garder le chantier lisible.
Gaines et câbles : organisation avant tout
Il a tiré les gaines en respectant des trajets simples, évité les coudes serrés et laissé du rab dans les boîtes. À chaque extrémité, un étiquetage indiquait le circuit et la destination. Les conducteurs ont été tirés ensuite, avec un code couleur lisible (terre vert/jaune, neutre bleu, phase d’une autre couleur). Pour limiter les erreurs, il a procédé pièce par pièce et circuit par circuit.
- Éclairage et prises séparés pour simplifier la protection et le dépannage.
- Appareils puissants sur circuits dédiés (plaques de cuisson, four, lave-linge, sèche-linge, chauffe-eau, VMC).
- Nombre de points et calibres adaptés à l’usage, conformément à la norme en vigueur.
Astuce de Julien : il a réalisé un tableau d’affectation des circuits dès le départ. Chaque gaine correspondait à un numéro de circuit, repris sur le plan, la boîte et, plus tard, au tableau.
Le tableau électrique : préparation sans prise de risque
Plutôt que d’improviser, Julien a assemblé le tableau « à blanc » sur l’établi. Il a positionné interrupteurs différentiels 30 mA et disjoncteurs divisionnaires, prévu des modules de réserve, et soigné l’étiquetage des rangées. Les arrivées de circuits ont été regroupées dans le coffret, mais il n’a pas réalisé de connexions sous tension ni touché au branchement général. La mise en service finale et les vérifications critiques ont été confiées à un professionnel, afin de sécuriser l’ensemble et, le cas échéant, d’obtenir les documents nécessaires.
Tests à blanc et vérifications
Avant la fermeture des saignées, il a vérifié la continuité des conducteurs, l’isolement entre phase/neutre/terre et le bon repérage de chaque point. Ce contrôle simple évite de rouvrir un mur pour une erreur de câble. Une fois les circuits validés, les saignées ont été rebouchées, puis enduites et poncées.
Le résultat : une installation propre, sûre et évolutive
Au terme de plusieurs week-ends, Julien a obtenu une installation lisible, avec un tableau clair, des protections différentielles 30 mA, des circuits dédiés, et un repérage précis. Les bénéfices :
- Sécurité renforcée et confort d’usage (plus de disjonctions intempestives, éclairage mieux réparti).
- Économie substantielle en réalisant la main-d’œuvre, tout en gardant une vérification finale qualifiée.
- Installation évolutive grâce à des gaines accessibles et des modules libres au tableau.
Ce qu’il referait autrement
- Prévoir davantage de prises dans les zones de vie et au plan de travail de la cuisine.
- Anticiper les besoins futurs (borne de recharge, climatisation, réseau multimédia) en réservant des gaines.
- Centraliser la VDI (réseau/TV) dans un coffret dédié pour éviter les bricolages.
Erreurs à éviter absolument
- Négliger la sécurité: ne jamais travailler sous tension et toujours vérifier l’absence de tension.
- Mélanger éclairage et prises sur le même circuit sans logique ni protection adaptée.
- Oublier la terre ou la sous-dimensionner.
- Enterrer des connexions non accessibles: toutes les liaisons doivent rester dans des boîtes.
- Bourrer les gaines: laissez de l’aisance pour le tirage et la dissipation thermique.
- Ignorer la norme NF C 15-100 ou improviser le tableau sans repérage.
- Sauter l’étape de validation: une vérification par un électricien qualifié reste vivement recommandée.
Questions rapides
Peut-on refaire son électricité soi-même ?
Oui, la partie « passage des gaines, encastrements, tirage de câbles » est réalisable par un bricoleur avancé, à condition de respecter la sécurité et la norme. En revanche, la mise en service, le raccordement au branchement de l’habitation et les contrôles doivent être effectués ou validés par un professionnel.
Faut-il un Consuel ?
Il est requis dans les cas de mise en service d’une installation neuve, de raccordement ou de modification substantielle. En rénovation lourde, renseignez-vous auprès de votre gestionnaire de réseau et anticipez ce point dès la conception.
Combien de temps et quel budget ?
Pour une maison standard, comptez plusieurs week-ends et un budget matériel de quelques milliers d’euros selon le nombre de circuits et la qualité des appareillages. La vérification finale par un pro représente un coût additionnel utile pour votre sécurité et vos assurances.
Un dernier conseil sécurité ?
Planifiez, documentez, testez à chaque étape et ne forcez jamais si vous n’êtes pas sûr. Mieux vaut demander une validation que prendre un risque. Une installation électrique bien pensée, c’est d’abord une installation sûre.